Le coin des parents : La communication au sein de la famille

Pour Marshall Rosenberg, psychologue américain ayant développé la communication non violente, “les mots sont des fenêtres, ou bien ce sont des murs”. D’une manière générale, certaines postures relationnelles invitent l’autre à l’ouverture, permettent la construction d’un pont et donnent envie de le franchir. Alors que d’autres postures ferment et font s’élever des barricades, pouvant devenir des forteresses. Comment s’y prendre alors pour construire des ponts ? Jusqu’où ? Et avec quels outils ? Voici quelques clés pour favoriser une ambiance sereine !

Communiquer avec son enfant dès les premières semaines de vie, et même avant

Parler avec son enfant dès le plus jeune âge lui permet de se sentir considéré, entendu et écouté. Au départ, il perçoit cela par la tonalité de la voix de l’adulte, son regard, ses gestes… Plus cela sera pratiqué, plus l’enfant va développer son audition, ses perceptions et plus tard, cela renforcera l’acquisition du langage. La communication peut se développer à tout moment. Lors du change ou du bain par exemple, vous pouvez expliquer vos gestes et ce qu’il va se passer par la suite.

Reconnaître mes émotions et celles de mon enfant

Il est important de noter qu’en tant qu’adulte, nous vivons des émotions, de la fatigue et des situations parfois difficiles. Ce contexte va mettre notre patience à rude épreuve. Et c’est tout à fait humain ! Avoir conscience de ce que l’on est en train de vivre permet, soit de différer l’échange en prenant un temps pour soi (si un relais est possible), soit de choisir d’échanger de façon constructive tout en communiquant à mon enfant mes besoins. Par exemple, après une journée de travail : « Je suis fatiguée, laisse-moi terminer mon thé tranquillement et je suis à toi ensuite. »

Une fois mes émotions identifiées, je suis en capacité de reconnaître celles de mon enfant. De les écouter en silence et avec attention, puis de les nommer « Je vois combien tu es fâché contre ton frère », et ensuite de proposer une alternative. « Dis-le-lui avec des mots, pas avec des poings. »

Il arrive aussi que parfois nous ne parvenions pas à avoir la posture désirée et nos mots peuvent dépasser notre pensée. Il est toujours possible de revenir sur la situation avec l’enfant en essayant de trouver ensemble une solution afin que cette situation ne se reproduise plus. « Effectivement, tu n’es pas paresseux mais plutôt fatigué mais la règle c’est que les enfants aident à mettre la table. »

Susciter la coopération de l’enfant

Le sentiment de répétition des consignes est le dur labeur des parents ! Tout apprentissage requiert de la répétition et cela peut être usant pour les adultes. Quelques astuces peuvent être mises en place afin de susciter la coopération de l’enfant. Imaginons que votre enfant vient de prendre son bain, et comme à chaque fois, il jette sa serviette humide sur votre lit. Vous lui avez déjà répété à plusieurs reprises, mais il continue à la poser sur votre couette propre et sèche. Il est important ici de décrire le problème « Il y a une serviette humide sur le lit » plutôt que de critiquer l’enfant « tu as du mal à comprendre cette consigne pourtant simple ». La deuxième phrase sous-entend que l’enfant a des difficultés de compréhension et cela peut fragiliser sa confiance en soi.

Une autre alternative peut être de décrire ce que vous ressentez « Je n’aime pas dormir dans un lit humide, peux-tu mettre ta serviette sur le sèche serviette s’il te plait ? » Avec une touche d’humour, nous pouvons aussi laisser une note à côté du porte serviette « S’il te plait, replace-moi ici pour que je puisse sécher. Merci. Ta serviette. »

Remplacer la punition

Il est prouvé que faire appel à la peur par des menaces inhibe la concentration et le bon développement de l’enfant. D’autres possibilités existent et permettent à l’enfant et au parent de mieux se comprendre. Exprimer ses attentes avec précision est l’un des fondements de la communication. « Je m’attends à retrouver cet objet emprunté à sa place, dans le 1er tiroir de mon bureau, demain. »

Si l’enfant ne respecte pas les attentes exprimées, il est important de lui montrer comment rectifier la situation : « Cette agrafeuse a bien besoin de retrouver sa place afin que je puisse m’en servir pour agrafer des dossiers pour mon travail. » Vous pouvez également offrir un choix à l’enfant : « Tu peux emprunter mes fournitures de bureau et les rapporter, ou tu peux dire adieu au privilège de t’en servir. A toi de choisir. »

Après plusieurs essais et si l’enfant ne ramène toujours pas cette agrafeuse, passer à l’action devient la seule alternative. L’enfant : « Pourquoi l’agrafeuse a disparu ? » L’adulte : « Dis-moi pourquoi ? » À ce moment-là, vous pouvez échanger avec l’enfant afin de résoudre le problème ensemble : « Comment peut-on faire pour que tu puisses de nouveau emprunter mon agrafeuse et que je sois certain de la retrouver quand j’en ai besoin ? »

Encourager l’autonomie

Plus l’enfant se sentira acteur dans la relation, plus il développera sa capacité de réflexion afin de résoudre des problèmes. Dès le plus jeune âge, vous pouvez offrir des choix à l’enfant « As-tu envie de porter ton pantalon gris ou rouge aujourd’hui ? ». Plus il grandit, plus il aura de possibilités de se sentir autonome. Et l’adulte devra faire preuve de patience vis-à-vis des apprentissages de l’enfant en respectant les efforts fournis par l’enfant : « Ça peut être difficile d’ouvrir un pot. Tu peux taper le côté du couvercle avec une cuillère pour que ce soit plus facile ». À ce moment-là, l’enfant sera sûrement ravi de connaître cette nouvelle astuce et d’avoir réussi à ouvrir le pot seul.

Une autre astuce permet à l’enfant d’encourager sa réflexion et son autonomie. Il s’agit de ne pas répondre à ses questions trop vite : « C’est une question intéressante. Et toi, qu’en penses-tu ? ».

Instaurer des rituels en famille

S’octroyer des moments conviviaux ensemble est un des moyens de renforcer les liens familiaux. Jouer à des jeux de société, se balader en nature, lire des histoires ou cuisiner ensemble… Ces instants favorisent les échanges positifs et ces souvenirs créés restent en mémoire.

Questions / Réponses

-> Mon enfant ne m’écoute pas, comment faire ?

Au moment où l’enfant vit une émotion (tristesse, colère, frustration…), il est dans l’incapacité d’écouter l’adulte. L’idéal est de choisir un moment plus serein pour parler d’une situation qui vous pose problème. Commencer par échanger avec votre enfant en nommant les émotions qu’il peut ressentir. Partagez-lui les vôtres. Et essayez d’enclencher la discussion en lui disant : « J’aimerais que l’on trouve une solution ensemble afin que chacun puisse se sentir respecté. Est-ce que tu as une idée ? »

Le fait de se mettre à hauteur de l’enfant, le regard tourné vers lui, en lui touchant le bras pendant que vous lui parler va permettre de solliciter ses sens et ainsi de capter son attention.

-> Les conflits entre frères et sœurs sont récurrents à la maison. Comment puis-je aider mes enfants à améliorer leur relation ?

Tout d’abord, il est important de les autoriser à exprimer leurs émotions et ressentis tout en leur rappelant que les insultes et actes physiques sont interdits. Ils ont le droit d’exprimer leur désaccord mais ont le devoir de respecter autrui malgré les conflits.

N’hésitez pas à leur proposer des activités ou sorties en lien avec leurs intérêts communs. Relever les moments de complicité pourra être bénéfique afin de pacifier leur relation.

Pour aller plus loin…

Des ateliers sur la communication non violente selon « Faber et Mazlish » sont proposés partout en France et en visio : https://fabermazlish-aep.com

Nos articles à lire sur le même thème

-> Comment gérer l'actualité anxiogène en famille ?
-> 4 activité anti-colère pour les jeunes enfants
-> Comment gérer la colère chez les jeunes enfants ?